Cette expédition est venue se greffer sur une randonnée familiale, dans laquelle la radio n’était pas initialement prévue, en tous cas pas sous la forme d’une activation SOTA. C’est l’examen « au cas où » de la carte des sommets SOTA la veille au soir qui m’a indiqué qu’il s’agissait d’un sommet SOTA.
Le charmant Som est un sommet du massif de la chartreuse, aux alentours de Grenoble. Un parking permet de se garer au point départ. C’est un sommet qui culmine à 1867m, soit 200m plus haut que le point de départ. Le dénivelé est modeste, mais la pente reste assez abrupte et certainement éprouvante pour les radioamateurs les plus grégaires. C’est une randonnée qui peut se faire sans équipements particuliers, même si des chaussures de randonnée rigidifiant un peu la cheville sont préférables à des basquets, principalement en raison du sol caillouteux.
Le sommet est assez fréquenté, on y croise beaucoup de familles avec enfants, et aussi des personnes âgées, aussi un radioamateur qui ne voudrais pas trop être dérangé devra privilégier une sortie hors saison, et même en semaine.
Au niveau équipement, j’ai emporté ma station portable pour les 30M.
Le sac qui contient l’ensemble du matériel ainsi qu’une veste chaude pèse 8kg. La batterie ne représente que le quart de ce poids.
Voilà la liste du matériel emporté :
- TxHomeMade
- Interface PTT
- Tablette Samsung Galaxy Book ( compatible PC), avec clavier externe + stylet tactile
- Batterie plomb 7ah à acide gélifiée
- Canne à pêche de 5m (courte) télescopique
- Support de canne à pèche
- Câble d’une dizaine de mètres en DXW174 (très léger et pertes faibles en HF)
- Câblage jack 3.5
- Deux petits piquets en aluminium à planter dans le sol
- Un analyseur d’antenne HomeMade
- Un voltmètre HF
- Un multimètre
Arrivé au point de départ, ça ressemble à ça :
Le règlement du SOTA indique que tout le matériel doit être porté par l’opérateur lui-même (tans pis pour les sherpas), pour la plus grande satisfaction des proches qui vous accompagnent.
Le guide de randonnée indique 40mn pour atteindre le sommet, nous en avons mis pour notre part 32mn, mais en arrivant exténués (enfin pour moi, ma fille quant à elle pestait de devoir m’attendre).
Pendant l’ascension pas mal d’idées vous traversent l’esprit, comme les classiques « j’ai vraiment du oublier quelque chose… mais quoi ? » ou « à cette heure-ci, les australiens seront déjà couchés, les américains à peine réveillés.. ». Et puis à mesure que l’effort se fait sentir « mais mon dieu quels devait être la motivation de ceux qui ont porté cette croix en bois massif jusqu’ici ? », et pour finir par « Il y a quelque part une injustice à devoir absolument marcher pour accéder au point haut, on ne demande pas à ceux qui activent des îles en IOTA d’y aller à la nage quand même que je sache ? »
Arrivé en haut il faut se rendre à l’évidence, c’est très fréquenté et il y a très peu de place pour placer l’antenne. Mon doublet en V inversé pour les 30M (donc de 2 fois 7.5m) rentre à peine :
J’ai profité de cette croix pour attacher une des extrémités du doublet, l’autre extrémité étant attachée par un piquet. Il a été assez difficile d’enfoncer le support de canne à pêche, mais j’ai fini par trouver un endroit qui comportait au moins 10cm de terre.
Une fois l’antenne en place, l’analyseur indique 10.142Mhz comme fréquence centrale pour 55 Ohms d’impédance. Le câble résonnant exactement sur une demi-onde (il a été monté en le raccourcissant à la pince coupante jusqu’à arriver à 10.140 en demi-onde), l’impédance en bas de ligne correspond à celle au point d’attache de l’antenne, ce qui est pratique pour ajuster l’angle en fonction de l’impédance recherchée. J’aurais pu un peu refermer l’angle pour arriver pile sur 50 Ohms, mais des enfants gambadant aux alentours j’ai préféré garder les points d’attache le plus haut possible.
Voilà la station en place:
Tous les QSO se ferons en FT8, ce qui permet d’enclencher le mode automatique et de rester les bras croisés (comme quand on pêche à fond). Cela laisse aussi du temps pour observer la faune environnante comme ces volatiles la :
Contrairement à ce que pensent pas mal de randonneurs, il ne s’agit pas de Choucas mais de Chocard à bec jaune . C’est un bel oiseau de haute altitude, et ceux-ci sont assez dociles et se rapprochent pour voir si vous n’avez pas quelque chose à leur donner à manger.
Les QSO :
Tout d’abord ce qui surprend le plus c’est le très faible niveau de bruit. La caractéristique des destinations SOTA étant d’être accessibles à pied, on arrive sur des points éloignés de toute source de perturbations électromagnétiques, pas de véhicules, pas de ligne EDF.
Sur mon Tx le fait de brancher l’antenne n’a fait monter le bruit que de 10dB, c’est très peu comparé aux 20db à 30 db que j’ai avec une antenne (raccourcie) en ville. Et les stations sont dans leur majorité reçues avec un SNR positif (jusqu’à +11dB), ce qui indique que la marge pour les décoder est conséquente (le FT8 se décodant a -24dB, une station reçue a +11dB se décode avec 35dB de marge, soit plus de 2000 fois le niveau de signal minimal nécessaire)
Le premier CQ SOTA/F4HTQ amène une réponse de JR3IIR, ce qui constitue mon premier contact Japonais depuis que je suis licencié.
S’ensuivent d’autres QSO (UY5AX, DG7FEQ, DL3ANK, M6RUG, OK1KM, OK1ZE..).
Et puis les ennuis commencent…
Pour commencer la tablette, sous Windows 10, me demande régulièrement de rebooter pour installer une mise à jour importante. J’avais pourtant pris soin de forcer l’installation des dernières mises à jour la veille au soir, en reboutant plusieurs fois la tablette. Mais rien à faire, il veut à tout prix installer cette mise à jour téléchargée la veille. Je fini par accepter, et s’ensuit un redémarrage interminable (plus de 12 minutes), avant d’enfin pouvoir enfin relancer WSJT-X.
Et là, surprise, le Tx est totalement saturé, de jolies bandes verticales s’étalent sur tout le spectre, et il faut se rendre à l’évidence.. la journée est finie car un radar OTH vient d’être démarré.
Chaque bande, espacée de 25Hz monte à plus de +30dB par rapport au bruit, et vu la bande passante du FT8 (près de 50 Hz) on a généralement trois bandes qui impactent la transmission. Les OM ont déserté, alors que quelques minutes avant les stations se bousculaient.
Il y a quelques semaines, quand ça arrivait, je passais en JT9, avec 15Hz de bande passante on pouvait passer entre deux dents du peigne de la perturbation et donc continuer quasiment comme si de rien n’était, mais depuis que le FT8 à « tué » les autres modes JT en HF on ne trouve plus de station en JT9.
J’attends encore une dizaine de minutes en espérant la fin de la perturbation, mais il faut rentrer car le soleil se couche et les proches s’impatientent.
De retour à la maison, j’attaque les formalités du SOTA, déjà m’inscrire sur leur site, chose que je n’avais pas eu le temps de faire auparavant, et ensuite rentrer tous les informations pour l’activation du sommet (date, localisation et QSO effectués).
Un coup d’œil sur PSK-reporter montre qu’on est très bien entendus de la haut, c’est vraiment un point privilégié pour atteindre la terre entière avec quelques watts. Je pense aussi que l’on doit être en mesure d’entendre des stations faibles et donc leur donner l’occasion de faire des contacts lointains qu’elles feraient difficilement avec des stations en basse altitude.